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Caunes Minervois, une déesse, une pyxide et un saint !

Caunes-Minervois est un charmant village situé dans le sud de la France, en région Occitanie, qui possède un riche héritage culturel et historique. J’ai eu l’occasion de m’y promener quelques jours cet été.

Mais qu’est ce que j’ai bien pu y découvrir ?

L’abbaye et sa pyxide !

L'abbaye de Caunes-Minervois a été fondée en 780, ce qui en fait l'une des plus anciennes abbayes bénédictines de la région. Elle a connu une période de prospérité au Moyen Âge, grâce à son statut de centre religieux et intellectuel. Sous l'influence des moines bénédictins, l'abbaye a joué un rôle majeur dans le développement de la vie spirituelle et culturelle du Minervois. Elle a été soutenue par Charlemagne, ce qui lui a permis de croître en prestige et en puissance.

L'église abbatiale se distingue par sa nef imposante et ses chapiteaux sculptés, qui sont ornés de motifs inspirés de la nature, d'animaux et de figures bibliques. Les sculptures et les fresques originales, bien que parfois partiellement effacées par le temps, montrent l'influence des artisans médiévaux.

J’y ai découvert un objet et par ailleurs un nouveau mot : la pyxide ! Une pyxide est un petit récipient cylindrique, souvent muni d'un couvercle, destiné à contenir des hosties consacrées ou le Saint-Sacrement dans le rite catholique. Elle est utilisée principalement pour la conservation et le transport de l'eucharistie, notamment lors de la visite des malades ou des personnes qui ne peuvent pas assister à la messe. La pyxide tire son nom du mot grec "pyxis", qui désigne une boîte. Son usage remonte à l'Antiquité, où des objets similaires étaient utilisés pour conserver des parfums, des bijoux ou des médicaments. Dans le contexte chrétien, les premières pyxides apparaissent dès les premiers siècles de l'Église, lorsque la pratique de l'eucharistie a pris de l'importance.

Dans le cas de la pyxide présente dans l’abbaye, elle est taillée dans une défense d’éléphant et représente :

Les motifs animaliers présents sur la pyxide sont richement symboliques, et chacun de ces animaux porte un sens profond dans le contexte chrétien médiéval. Ils sont à la fois une réflexion sur la condition humaine, les lutte spirituelle et les vertus chrétiennes telles que la fidélité, la pureté, la résilience et la recherche de la sagesse divine. Cette pyxide est ainsi non seulement un objet liturgique, mais aussi un véritable support de méditation sur les valeurs chrétiennes et la vie spirituelle. Nous ne pouvons pas aller dans le détail car il y a peu de ressources à ce sujet mais nous pourrions, pour chacun des animaux représentés établir une métaphore.

Dans la chapelle : L’alpha et l’Omega.

Le symbole Alpha et Omega est un symbole chrétien puissant, porteur d'une signification profonde. Il provient de l’alphabet grec, où Alpha (α) est la première lettre et Omega (ω) la dernière. Ce symbole représente ainsi l’idée de complétude, de totalité et de l’éternité. Il est souvent utilisé pour exprimer que Dieu ou le Christ englobe toute chose, depuis le commencement jusqu’à la fin.

L'Alpha et l'Oméga apparaissent dans plusieurs passages de la Bible. Le livre de l'Apocalypse (ou Révélation), notamment, cite Jésus-Christ en tant qu'Alpha et Oméga :

Cela indique que Christ est l'origine et la fin de tout, qu’il précède tout et qu’il accomplit tout. Il est celui qui commence le monde, mais aussi celui qui le termine et le perfectionne. Le symbole montre donc l’idée que tout trouve son origine en Dieu et y retourne, faisant référence à la création et à la révélation divine.

Un patronage qui n’a rien à envier aux autres.

En effet, la chapelle de l’abbaye de Caunes Minervois connait une procession de saint martyrs qui n’en compte pas moins de 4 ! Saint Amand, saint Benoit, saint Genès et saint Luce. Mais je ne vais ici parler que de saint Benoit, le plus connu.

Vous pouvez d’ailleurs apprécier dans la chapelle une magnifique tapisserie qui figure les 4 saints.

Benoît, donc, de Nursie est le patron des ingénieurs civils, des fermiers et des ouvriers agricoles, des spéléologues, des mourants et des moines. Il est fêté le 11 juillet.

Il est connu comme le père du monachisme occidental et est le fondateur de l'ordre des Bénédictins. Sa Règle de saint Benoît, un guide de vie monastique, a eu un impact majeur sur l'organisation des communautés religieuses en Europe pendant des siècles.

Saint Benoît est souvent considéré comme un modèle de vie chrétienne et de discipline monastique. Il a été proclamé patron de l'Europe par le pape Paul VI en 1964, soulignant son influence durable sur la culture et la spiritualité européennes. Sa fête est célébrée le 11 juillet.

La femme ou le poison ?

Dans la Légende dorée ( la BIBLE des vies de saints, un must have !) il est relaté que, jeune homme, Benoît a vécu dans une grande abstinence et une profonde pitié. Il grandit à Nursie (aujourd'hui en Italie), dans une famille noble, mais il ressentait très tôt une soif spirituelle et un désir d'échapper aux distractions du monde. Il se retire donc dans la solitude d'un désert montagneux, où il se consacre entièrement à la prière, à la méditation et à la vie ascétique.

Cependant, comme pour tous les saints, la tentation ne tarde pas à se présenter. L'une des légendes les plus célèbres raconte que Benoît fut tenté par une femme séduisante, envoyée par le démon pour ébranler sa foi. Le démon savait que, même dans la rigueur de sa vie, Benoît restait un homme de chair, et il espérait que cette tentation le ferait tomber.

Alors qu'il se trouvait dans sa cellule, il entendit frapper à la porte. En ouvrant, il découvrit une jeune femme d'une grande beauté. Cette apparition fut une épreuve pour Benoît, car il comprit immédiatement que c'était une tentation du diable. Pour résister à cette tentation, il se jeta immédiatement dans un buisson d’épines. Il s'y roula et se fit de nombreuses blessures, afin de détruire tout désir charnel. Ce geste extrême lui permit de vaincre la tentation et de retourner à sa prière et à son ascèse.

Une autre légende célèbre présente Benoît confronté à un autre démon sous la forme d'un moine empoisonneur. Ce moine jaloux de la réputation de Benoît décide de lui offrir une coupe de vin empoisonné, espérant le tuer.

Lorsque Benoît saisit la coupe, il la bénit d'un signe de croix, et immédiatement, la coupe se brisa en morceaux, épargnant ainsi sa vie. Le moine empoisonneur, voyant que son complot avait échoué, se repentit de son action et se convertit à la vie monastique sous la direction de saint Benoît.

C’est en partie suite à sa légende là que la règle monastique est née.

Benoît fonda de nombreux monastères, et l'un des plus célèbres est celui de Monte Cassino, où il rédigea la Règle de saint Benoît. Cette règle, qui régissait la vie monastique, incluait des préceptes de prière, de travail, et de disciplinespirituelle. Elle fut adoptée par des milliers de moines dans le monde entier et eut un impact durable sur le développement du monachisme chrétien.

Caunes-Minervois, de Minerve ?

J’allais presque oublier de vous en parler avant de partir. Comment ne pas parler mythologie quand on se trouve dans un village au nom pareil ?

Caunes-Minervois fait partie du Minervois, une région qui tire son nom de la déesse romaine Minerve, déesse de la sagesse, des arts et de la guerre. Selon la mythologie, Minerve aurait choisi la région comme étant un lieu de grande sagesse et de connaissance. La légende raconte qu’un temple dédié à Minerve aurait été érigé dans la région pour honorer la déesse.

J’aurais aussi pu vous parler de la légende de la Dame Blanche, mais je garde ça pour un prochain épisode. Maintenant, si vous allez à Caunes Minervois, vous penserez à tout ça !