Callianthus

View Original

Clermont : au Moyen-Age : entre homme sauvage et putti italiens !

Je suis très heureuse de vous retrouver pour garder une trace et vous partager ce que j’ai appris durant la visite guidée que j’avais réservée lorsque j’étais de passage dans ma ville natale : Clermont-Ferrand.

J’avais d’ailleurs visionné, peu de temps avant, le Secret d’Histoire consacré à Vercingétorix. Un personne que l’on croise de près ou de loin, assez fréquemment dans ma région auvergnate !

Et pour cause : il a été choisi, appartenant au peuple des Arvernes, pour unir tous les peuples gaulois face au monstre romain Jules César. Vous pouvez encore accéder au replay de l’émission en cliquant sur le bouton ci-dessous. Je vous la conseille vivement si vous n’êtes pas familier à ce personnage. Et évidemment je ne peux pas ne pas vous parler du tout nouveau tout frais #muséedeGergovie aux alentours de Clermont, dont la visite vous sera très bénéfique.

Crédit photo : merci à Mathias Reding pour ce sublime cliché pris de nuit.

Donc j’étais très heureuse de rester sur cette dynamique avec une visite proposée par l’Office de Tourisme de la ville.

Je vous emmène avec moi !

On commence donc par la plus belle de toutes les places, surmontée par la cathédrale et avec une vue sur le Puy de Dome : la Place de la Victoire.

En plein milieu on retrouve une statue d’Urbain II, le pape qui a lancé l’appel à la première Croisade de Clermont. C’est pour cela que sa statue est placée ici. Cependant, on ne retrouve pas d’habits ni d’accessoires de pape car cette statue a été érigé peu avant la loi de la séparation de l’église et de l’état donc ce n’etait pas compatible avec le paysage politique

Je me suis rendue compte, à ce moment de l’étendue de mon ignorance ! Je me tenais, sur la place à l’ancien emplacement d’un palais épiscopal. En effet, attenant à la cathédrale, aux premiers siècles de notre ère un palais et un forum accueillait environ 500 personnes. Les remparts de ces batiments ont été explorées à travers différentes portes tout au long de la visite : Terrail, Chaussetiers, saint-Hérem..

Si l’on pense que ce qu’on appelle "La Butte” de nos jours est assez facilement identifiable, on peut dire que c’était encore plus clair avant. D’ailleurs, la rue du Terrail, qui se terminait par une porte justement, le porte en son nom : terrail signifie terre-plein pour siginifier que c’était un palier avant d’arriver à la butte.

Comment ne pas consacrer quelques mots à la somptueuse Cathédrale Notre Dame de l’Assomption ?

Je ne le savais pas, mais la cathédrale, au Moyen Age de style roman, a été laissé pendant plus de 500 ans mi gothique mi-romane. Uniquement le chevet a été investi par l’esthétique gothique, car c’était le seul endroit absolument nécéssaire pour pouvoir célébrer les offices.

Un petit cours de topo-géographie ?

Nous allons faire un rapide tour des noms des rues de Clermont-Ferrand, la rue du port, le quartier saint pierre, la place du place, la rue Tour la Monnaie.
La rue du port, vient de portus qui signifie marchandise : c’était LA rue marchante par excellence, là ou arrivaient les marchandises.

Le quartier saint pierre lui accueillait les fruit et légumes et l’une de ses rues adjacentes, la rue de la boucherie, vous révèle d’ores et déjà ce qu’il s’y passait. Si on la remonte jusqu’à la cathédrale, on débouche alors sur la place du Mazet, qui, elle, accueillait les volailles et la boucherie également.
Enfin, toujours dans l’optique de remontre jusqu’à Notre Dame de L’Assomption, on passe par la rue Tour la Monnaie, qui elle aussi, est assez transparente sur sa fonction : c’est à cet endroit que l’on faisait frapper la monnaie.

Un autre joyau architectural : Notre Dame Du Port

Reconnue au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des chemins de Compostelle

La basilique Notre Dame Du port été auparavant appelée Notre Dame la Principale. Lorsqu’on arrive devant on peut apercevoir de chaque côté du tympa, deux hommes : ce sont deux prophètes : Isaie à gauche puis Jean à droite. Ils ont été choisis car ils symbolisent à l’instar des symboles de chaque côté du Christ Alpha et Omega, le Tout, puisqu’il s’agit du plus vieux et du plus récent des prophètes.

Une chose insolite nous surprend dès que nous mettons les pieds à l’intérieur du lieu : on voit sur les chapiteaux du fond de la salle des livres gravés. Ces dernier représentaient la coupure, entre ceux qui étaient baptisés, qui pouvaient alors s’avancer jusqu’au choeur car ils avaient connaissances des textes sacrés, et ceux qui n’avaient pas cette connaissance et ne pouvaient ainsi pas se mêler au reste de la foule.

J’apprends aussi pendant cette déambulation un nouveau mode e représentation de l’Ascension de la Vierge : elle est portée, emmaillotée comme un nourrisson dans les bras de Jésus.

NB : en Auvergne, on connait une particularité aux édifices romans, ils ont en commun une masse de pierre rectangulaire placée avant le clocher.

L’homme sauvage

Enluminure du XVe siècle réalisée pour les Chroniques de Jean Froissart, BnF, ms. Français 2646, folio 245 verso

S’il y a bien une chose que j’ai découvert et remarqué pendant cette visiste c’est bien l’homme sauvage ! Coïncidence ou non, un article de Laurent Ridel ( auprès de qui j’ai beaucoup appris lors de différentes formations ) paraissait sur le sujet.

Qu’est ce que l’homme sauvage ? C’est un homme que l’on représente avec des habits en laine et un gourdin à la main. Au début, lorsque je l’ai vu surmontant la fontaine de la place de la Poterne, j’ai cru à la représentation d’un saint… saint Joseph, saint Jacques ou encore saint Jean Baptiste souvent représenté avec des habits en peau.

Mais c’est en réalité, selon les dires de la guide, un personnage contemporain à la conquête des Amériques et qui regarde vers la connaissance.

Tentons, avec l’aide de Laurent, de remonter encore plus loin et d’éclaircir tout ça ! L’historien nous dit qu’en 1392, le roi de France Charles VI organise pour sa cour un bal. Pour l’occasion il se déguise ainsi que quelques uns de ses hommes en homme sauvage : sur leur habit ils collent des poils et déambulent enchaînés. Mais, le frère de roi, tentant de reconnaitre ceux qui se cachaient derrière, approcha sa torche de l’un deux et avec le costume prit feu très vite. Et qui met le feu à ses voisins.

Stalle XVIe siècle dans la cathédrale d'Auch, crédit photo et légende : Laurent Ridel.

 Mais pourquoi diable avaient-ils eu l’idée de se déguiser en ces personnages, nus et couverts de poils ?

Laurent Ridel nous explique que cet archétype remonte à la nuit des temps avant d’être intégré au catalogue du christianisme. Dans l’imaginaire chrétien, on se doute qu’il n’est pas vraiment envisagé positivement : il renvoie à l’animal, à la bestialité, lubricité etc. Mais Florent Pouvreau, auteur d’une thèse sur la question ( De poil et de bête : iconographie du corps sauvage à la fin du Moyen Age ) suit la piste de la survivance païenne : les hommes poilus représentent la force, celle du sauvage et la vitalité qui transparait par l’abondance de poils.

Selon un autre historien, Antoine Pierrot, l’homme sauvage représente simplement un Autre, plus primitif, plus animal, plus mystérieux, qui vivrait caché dans des régions sauvages et inaccessibles”

Et en effet, en 1482, lors du voyage pour le nouveau monde, les marins qui accompagnent l’explorateur voit de leur yeux, l’incarnation des hommes sculptés sur les stalles d’église ou surmontant des fontaine : ils en ont le coeur net, l’homme sauvage existe bel et bien.

 Après le mystérieux sauvage, passons au gracieux putti !

Rinceaux peuplés de putti néo-Renaissance (entablement de la fontaine Saint-Michel, Paris). Crédit photo : Coyau.


Au détour de la place du Terrail, je tombe nez à nez avec une dénomination jusqu’alors inconnue : putto, jusqu’à comprendre que la guide désigne de ses doigts un ange plutôt juvénile, un peu bouffu. Ils seraient des anges de l’amour. Ils sont très représentés dans l’ornementation architecturale, comme c’est le cas de fontaine. On pourrait aussi dire que ce sont des enfants ou des éphèbes, dépendant des représentations.

Ainsi, dans les chapelle ou les églises construites et édifiées après la Renaissance on peut en trouver facilement.