Les archétypes dans le monde de la danse avec Gabrielle Roth

Ballerina - Simon Boxus

Aujourd’hui, j’écris inspirée par une lecture que je n’attendais pas.

En effet, travaillant sur un récit de sens pour un concept de danse, j’ai décidé d’enfin parcourir ce livre qui m’avait été prêté il y a quelques mois.

 

Quelle ne fut pas ma surprise quand j’ai découvert qu’il était découpé entre différents archétypes. Ces archétypes sont des bases à partir desquelles cette professeure de danse guident ses élèves. Elle identifie différents types d’énergie qui les traversent. Différentes manières d’être au monde dans leur danse.

 

Elle fait appel à la substance spirituelle des archétypes et des symboles pour induire une universalité dans sa pratique.

 

“L'archétype est une synthèse, une idée élémentaire de base, il est une manifestation des organes psychiques et de leur pouvoir. Les archétypes apparaissent sous des vêtures différentes selon l’environnement historique et géographique.”

JOSEPH CAMPBELL (La puissance du mythe)

 

Là ou son discours est particulièrement intéressant c’est lorsqu’elle porte son attention sur l’influence des archétypes qu’elle invoque, et sa lucidité sur ce qu’ils ont déjà véhiculé à travers les siècles :

 

“Il m'a fallu expliquer que les archetypes ne sont que des métaphores et ne doivent pas être interprétés de façon trop rigide. Si j'ai choisi des archetypes judéo-chrétiens ce n'est pas pour que nous nous laissions enfermer dans une construction culturelle, mais pour profiter du fait qu'ils sont profondément ancrés en nous. Ces mots provoquent des émotions viscérales et immédiates.”

GABRIELLE ROTH (La danse des 5 rythmes)

 

Pour la première fois de ma vie, j’ai le sentiment qu’être moi est suffisant. Je suis une lumière intérieure blanche, un mélange simple d’émotions vraiment ressenties, d’un esprit sans valises, d’une tête sans soucis, d’ouverture, de liberté et d’absence de peur. Je fais des cercles en volants, les bras tendus, comme un planeur en papier qui danse dans les courants de l’atmosphère riant avec le vent - Gabrielle Roth

Gabrielle Roth explique les archétypes sont venus à elle lorsqu’elle était en train de danser. Qu’ils sont tombés dans son champ de conscience. Intellectuellement elle ne saisissait pas tout mais intuitivement elle savait qu’ils étaient des pistes, des catalyseurs. Elle explique qu’il lui fallait un langage, un vocabulaire d’images claires et accessibles mais sans être réductrices.

Elle induit un véritable rapport au sacré. C’est là qu’elle fait intervenir la fameuse substance spirituelle des symboles et des archétypes dont parle Gilbert Durand.

Transpirer, c’est prier, c’est faire offrande de son soi le plus intérieur. Elle parle de la transpiration comme de perles de prière, des perles liquides qui nous délivrent de notre passé et oignent toutes les parties de notre être dans un baptême de feu.

 

Quels sont alors les différentes phases et rythmes qu’elle identifie ?

  • → Fluide

  • → Staccato

  • → Chaos

  • → Lyrique

  • → Quiétude

Les archétypes des polarités féminines :

  • → La mère

  • → La maitresse

  • → La madone

Les archétypes des polarités féminines :

  • → Le père

  • → Le fils

  • → Le saint esprit

Ce qui est passionnant dans la façon qu’à Gabrielle Roth d’envisager tout cela est qu’elle identifie ensuite des unions de ces différents archétypes qui donnent à leur tour lieu à des nouveaux archétypes grâce à l’énergie du chaos.

 

“L'énergie du chaos a mauvaise presse dans notre société, ce rythme implique de lâcher prise. En effet le mot vient du grec kaos qui signifie espace vide ou abysse. La plupart d'entre nous avons peur du vide car nous y voyons une vacuité, une force négative alors que c'est un espace bourré de potentiel.”

GABRIELLE ROTH (La danse des 5 rythmes)

 

Du chaos, de cet espace dans lequel les énergies féminines sont unies à leurs contreparties masculines, naissent trois derniers méta-archétypes :

  • → l’artiste : union de la mère et du père : la forme sans substance est une coquille vide et la substance sans forme est l’enfer de l’artiste

  • → L’amoureux : union de la maitresse et du fils : ressentir sans exprimer c’est être emprisonné et exprimer sans ressentir c’est faire semblant.

  • → Le chercheur est l’intégration de la madone et du saint esprit : pour chercher la vérité, il faut l’innocence et dès qu’on cesse de chercher on perd l’innocence.

J’ai adoré cette lecture, venue d’un monde duquel je n’étais pas familière mais qui m’a paru tout de suite aussi cohérente, érudite que sensible. Je ne peux que vous la recommander.

 
Précédent
Précédent

Le Moly, la plus magique des plantes antiques !

Suivant
Suivant

Connaissez-vous les béguines ? Les femmes au Moyen Age.