Quelle symbolique des plantes au temps des pharaons ?👑 Un détour par la botanique égyptienne 🪷

Après un article écrit pour L’Echo de l’Art sur la tradition iconographique de Cléopâtre, je me suis posée les questions suivante :

Que voyait les anciens Egyptiens autour d’eux ? Qu’est ce qui était représenté sur leurs fresques ? Peut-on reconnaitre des plantes que l’on connait aujourd’hui?

Je me suis dit qu’il serait pertinent de mettre leurs lunettes pour quelques temps. Et, comme de coutume, aller explorer les symboles et symboliques qui reviennent.

Fidèle à mon coeur d’expertise, j’ai décidé de cibler les symboliques végétales.


Avant de rentrer dans le vif du sujet, la symbolique des plantes, intéressons nous aux endroits où elles apparaissaient : les jardins.

C’est l’ouvrage Le jardin des pharaons qui nous donne beaucoup de clés à ce sujet.

Les plantes cultivées dans les jardins en Egypte se séparaient en deux catégories :

  1. Les plantes à vocation ornementale : nénuphars, fleurs, papyrus…

  2. Les fruitiers chargés d’apporter ressources alimentaires

Il existe deux types de configurations de jardins, qui dépendent du type de temple auquel le jardin se trouve rattaché :

  1. Temple dédié à une ou plusieurs divinités

  2. Temple dit des millions d’années : c’est à dire, un temple dévolu au culte d’un ancien pharaon divinisé.

Ces structures possédaient des jardins sacrés attenants. On le sait grâce aux représentations dans les chambres thébaines.

Pour les anciens Egyptiens, jardins et temples étaient liés et se devaient d’être en harmonie. En effet, c’est d’autant plus compréhensible lorsque l’on sait que l’architecture des temples tire son inspiration du monde végétal, et que ces temples étaient considérés comme des microcosmes qui représentaient le marais primordial, le Noun, d’où avait émergé la création.

Ainsi, les colonnes à la base en forme de papyrus ou les chapiteaux représentant un nénuphar évoquent les marécages. On connait toute une scénographie qui met en valeur le jaillissement de la vie sous forme végétale.

Le temple est un marais de pierre qui abritait la divinité, d’où jaillissait donc la vie, qui s’incarnait sous sa forme végétale, dans le jardin attenant.

Les plantes cultivées en Egypte se voyaient investies la plupart du temps d’un symbolisme religieux, le plus souvent lié aux notions de renaissance et de régénération.

Ainsi, quasiment toutes les plantes représentées dans les jardins funéraires avaient des fonctions nourricières, régénérantes ou excitantes, pour une bonne et simple raison : elles devaient assurer la survie du défunt.

En le protégeant des forces du mal grâce au papyrus, en le nourrissant grâce aux arbres fruitiers, à la mandragore ou encore en lui indiquant un point d’eau avec les palmiers. Mais aussi en stimulant son énergie vitale par le caractère aphrodisiaque de certaines plantes : nénuphar bleu, raisin…

C’est durant la période du nouvel Empire ( -1500 à -1000 ) que le jardin semble gagner une symbolique funéraire très forte. Dans ses représentations le papyrus peut figurer une forme de cocon qui protège le défunt. À l’instar des fourrées de papyrus qui ont protégé Horus enfant, et qui incarnent également la fraicheur et la vigueur de la végétation toujours renaissante.

Les fleurs sont aussi très présentes dans l’iconographie, notamment sous la forme de bouquets.

Cela se matérialisait à travers des offrandes ou alors lors de banquets. Offrir des fleurs n’était, à l’époque, pas l’apanage des femmes. En effet, les hommes aussi procédaient aux arrangements floraux. Car, avant tout, offrir un bouquet de fleurs c’est offrir un bouquet de vie. On comprend mieux le lien entre la vie et la dimension amoureuse que cela a pris dans les siècles suivants. Le jardin est le lieu du bonheur intime partagé entre amants et époux. Ils s’y retrouvaient parés de guirlandes de fleurs, célébrant leur amour. Plaisir des yeux, de l’odorat, du tout, de la peau… Le jardin était le lieu de tous les délices pour les anciens égyptiens !

Oui, vous avez bien lu, le jardin est aussi fortement lié à la vie qu’à la mort : c’est la force d’un symbole ! Toujours ambivalent.


LES PLUS POPULAIRES

Dans la grande famille des plantes égyptiennes, on voit se dessiner un duo de tête, ceux à côté desquels on ne peut pas passer : j’ai nommé le papyrus et le lotus.

  • PAPYRUS :

Il est la composante essentielle de la Vallée du Nil. Le papyrus était une plante ornementale essentiellement plantée sur les berges.  Elle était récoltée pour la confection de bouquets. Et c’est majoritairement sous cette forme qu’on le voit apparaitre dans l’iconographie égyptienne.

C’était une plante utilitaire prisée par les Egyptiens pour réaliser du papier, des nattes, des sandales, des cordes, des barques…On pouvait même l’utiliser contre les courbatures et les douleurs oculaires ! Surtout, sa couleur et sa rigidité en faisait un symbole de fraîcheur et de renouveau. Son association avec le bassin ( car il est planté sur les berges ) rappelle le Noum, le marais primordial, dont est sortie la vie qui foisonne dans les marécages.

Ainsi, le papyrus est associé à la régénération et à la fertilité et à l’abondance, autant d’un point de vue pratique, grâce aux nombreux usages que l’on peut en faire, que d’un point de vue spirituel avec le marais primordial.

Ici alors, nous avons un parfait exemple de comment l’on passe d’une symbolique dite “ordinaire” à une symbolique “ésotérique” et spirituelle : après l’observation des nombreuses choses que l’on pouvait faire avec le papyrus, l’imaginaire égyptien a associé cette plante aux déesses protectrices et maternelles.

C’était une sorte de matrice protectrice car il avait protégé Horus de la folie meurtrière de Seth pendant son enfance.

Dans certaines représentations Hathor était représentée sous les traits d’une vache sortant de la montagne et apparaissant dans un fourré de papyrus.

Ainsi, les déesses sont représentées avec une coiffe de papyrus. Les Égyptiens eux, portaient, des amulettes en forme de papyrus autour du cou. Comme pour invoquer la présence protectrice des déesses et les vertus de la plante.

  • NENUPHARS :

On en connait surtout deux importants :

Le bleu : c’est l’équivalent de notre rose. Il symbolise la beauté, l’amour, l’érotisme. Il dégage un parfum enivrant et serait aphrodisiaque. Mon nénuphar est une expression utilisée pour parler à son amant. La bouche et les doigts de l’être aimé sont souvent comparés à des nénuphars. les pétales bleues symbolisent la course diurne, tandis que le coeur jaune symbolise l’éclosion matinale. Il se ferme et s’ouvre en suivant la course du soleil.

Les Egyptiens imaginaient que pendant la nuit le soleil illuminait le monde souterrain.

Le blanc : c’est la première plante sortie du marais de la création. Naissance et vie.

Les Egyptiens utilisaient beaucoup l’huile de nénuphar pour parfumer leurs vêtements. Ils l’utulisaient aussi beaucoup dans les banquets. Les femmes en mettaient dans leurs cheveux. On en tresse des couronnes et des guirlandes. Comme ci dessous.

Le nénuphar, qu’il soit blanc ou bleu est à l’origine de la création, symbolisant naissance et vie. C’est une fleur étroitement associée au divin. Au grand dieu Rê, grand dieu solaire.Les Egyptiens considéraient que le soleil était né de cette première fleur, assimilée au dieu Néfertoum, sous la forme d’un jeune enfant. Ce dernier est le dieu des onguents, du parfum. Il est coiffé d’un nénuphar « La fleur de nénuphar qui est devant le né de Ré »

Cette capacité à éveiller explique pourquoi les défunts et les convives des banquets funéraires étaient représentés en train de humer  une fleur de nénuphar et pourquoi les offrandes étaient surmontées d’un bouquet composé le plus souvent d’une fleur épanouie entourée de deux boutons dont les tiges étaient nouées pour rappeler le signe « Ankh » qui symbolise la vie.

Associés au vin et aux fruits de la mandragore, les nénuphars étaient censés stimuler les convive dans une transe et un appétit sexuel. Cette transe devait permettre de communiquer avec les morts tandis que le caractère aphrodisiaque du nénuphar, de la mandragore et du vin devait éveiller les capacités érotiques du défunt, le régénérant.

Les fleurs, en Egypte sont associées à la régénération de la Vie, de la Nature. A l’exaltation des sens également. Elle refleurissent grâce au dieu Min, sur lequel nous reviendrons plus tard.

  • MANDRAGORE :

La mandragore tient une place très importante dans l’iconographie égyptienne. Surtout ses fruits. Elle est beaucoup cultivée dans les jardins royaux. Nous n’avons pas beaucoup de restes végétaux mais beaucoup de mentions. Le fruit est souvent entré dans la composition de bouquets comme ici. On connait un topos de l’iconographie qui est lié à son sème désir/séduction : la femme qui hume les bouquets, les fruits. Ou qui le fait humer. Cette posture signifierait qu’elle serait disponible à l’amour.On dit que la mandragore est la « baie de l’amour »La mandragore tient une place de choix dans le domaine de l’amour : on compare souvent les seins des femmes à des mandragores.

« Puissé-je être la Nubienne qui est à son service en privé ! Je lui apporterai une coupe de mandragores qui serait dans ma main pour qu’elle les respire : c’est dire qu’elle m’offrirait les charmes de tout son corps ! »

On compare également cette plante au soleil à cause de sa forme ronde et de sa couleur jaune.Il faut savoir que cette plante a un fort effet narcoleptique et euphorisant mais également aphrodisiaque. Une qualité qui fait sens lorsque l’on sait qu’elle est convoquée allègrement lors de la fête de la Vallée, une fête annuelle en l’honneur des morts lors de laquelle on consommait tout ce qui pouvait mener à l’ivresse : vin, mandragore, musique, fleurs de nénuphars…

Le motif des bouquets de nénuphars piqués de mandragore symbolise la renaissance du défunt  qui sera désormais éclairé par le soleil lors de son passage dans la nuit du royaume des morts.

  • VIN/ VIGNE :

La culture de la vigne est attestée dans la Vallée du Nil depuis les débuts de la civilisation égyptienne. Les grappes de raison entrent dans la composition des banquets. Consommés comme raisins de table. Posséder une vigne était signe de richesse car sa culture était difficile dans le climat sec de la Haute Egypte. Les Egyptiens produisaient du vin blanc et du vin rouge. C’était un produit de luxe : les vins n’étaient pas mélangés et les plus anciens étaient les plus prestigieux. La bière continuait d’être la boisson quotidienne des égyptiens. Le vin était réservé aux élites. Les pharaons et nobles en consommait lors de fêtes religieuses, de banquets. Son symbolisme rejoint celui de la mandragore dans sa dimension érotique.

La vigne était associée à deux divinités funéraires : Hathor et Osiris.

Osiris représentait le dieu du royaume des morts , le pharaon de l’au delà. Il était aussi le symbole de la végétation toujours renaissante comme le montre la couleur verte de sa peau. Il était appelé « seigneur du vin » et cette boisson était assimilée à son sang.

La vigne symbolisait également une forme de renaissance car la période des vendanges et de la vinification coïncidant avec la période de crue du Nil, délenchée entre autres par Osiris.

Une déesse arbre ?

Les arbres jouaient un rôle clé dans la société égyptienne car ils étaient censés abriter une ou plusieurs divinités. Dans les poèmes l’arbre pouvait s’animer et prendre la parole. On peut les voir dans les tombes thébaines et les décors de palais. Les arbres fruitiers sont capables de fournir des ressources alimentaires sucrées ! : dattes, noix, doum, sycones, figues et grenades.

Dans les représentations de jardins privatifs des tombes thébaines apparait souvent une déesse, la déesse arbre, dans le figuier sycomore.

La plupart du temps elle n’est pas nommée et elle se confond avec toutes les déesses maternelles et protectrices : Isis, Hathor, Tout.. Elle accueille le défunt et son épouse après qu’ils aient réussi l’étape de la pesée du coeur.

Une fois cette étape accomplie, le défunt est accueilli par la déesse arbre qui lui présente de l’eau, du pain et parfois des fruits. Elle est représentée avec des paniers remplis de fruits, cueillis sur les arbres du jardin.  Elle leur offre du lait également.

Désormais, le défunt pourra se nourrir des fruits de son jardin et s’abreuver à son bassin même en l’absence d’offrandes de sa famille. Car si le défunt échappait à la dévoreuse  et entamait une nouvelle vie dans l’au delà,  cette dernière devait être constamment protégée et régénérée, comme la vie terrestre, grâce à la consommation de nourriture et à la stimulation sexuelle. Les sources de nourriture devaient être aussi variées que possible pour pallier à d’éventuels manques et le jardin avait donc pour rôle d’abreuver le défunt grâce à son bassin : mais aussi de soutenir cette régénération grâce aux différents arbres, fruits et fleurs.

Arbres, plantes, et fleurs formaient tous une botanique sacrée évoquant des divinités protectrices et garantes de la renaissance du défunt. En outre, elles abritaient une divinité que le défunt pouvait alors convoquer.

Faire représenter un sycomore dans son jardin permettait d’appeler les qualités protectrices, maternelles et nourricières de la déesse arbre. Les transformations subies par le défunt s’assimilaiient au cycle végétatif avec une mort apparente puis une renaissance.
Ce détour par la représentation de la déesse arbre nous permet alors maintenant de nous pencher plus en amont sur les essences d’arbres en Égypte.


Les essences les plus communes sont les suivantes, et elles sont associées à une divinité :

  • Palmier dattier : associé au dieu Amon Re, le palmier dattier était le plus représenté avec le palmier doum et le figuier sycomore. Les dattes étaient souvent offertes aux dieux. Les égyptiens aimaient tellement ce fruit et sa suavité que le nom bener est devenu le synonyme des mots « doux » et « aimé ».

    Le palmier dattier incarnait la régénération végétative grâce à ses caractéristiques botaniques et à sa capacité à se régénérer et croissance près d’un point d’eau. Il était associé au dieu Thot, dieu de la sagesse et du temps. Il incarnait tout à la fois la durée et le renouveau et c’est pourquoi il était surtout associé à la nouvelle année. Il symbolisait une nourriture riche et abondante grâce à ses fruits mais aussi l’éternité. Selon Nathalie Baum, une feuille de palmier était souvent placée sur la poitrine du défunt ou sur son sarcophage.

  • Figuier : associé à Horus, les fruits de cet arbre étaient également offerts aux dieux et aux défunts.  Seule la couleur des fruits du figuier commun permet de les différencier de ceux du sycomore. Les sycones étant représentés de couleur jaune et les figues de couleurs noire. L’arbre était apprécié pour ses fruits et c’est sans doute pour ses qualités nourricières qu’il était représenté dans les jardins. Les figues étaient assimilées à la poitrine de la déesse Isis, elles constituaient un élément essentiel au maintien de la vie, à l’instar du lait maternel, selon Nathalie Baum.

  • Figuier sycomore : le sycomore abritait Hathor, déesse de l’amour, dame du sycomore : c’est pourquoi dans la tradition littéraire, le sycomore revêt une dimension érotique protégeant les amants. Il est même parfois doué de parole. C’est un des arbres les plus sacrés de la religion égyptienne. L’arbre nourricier par excellence puisqu’il abritait la déesse arbre.  Il garantissait alors au défunt la protection maternelle de la déesse et l’ombre à laquelle se rafraichir ( et bien sûr la nourriture ) En effet, l’arbre produit des fruits plusieurs fois par an. Les sycones. Ses fruits étaient ceux les plus fréquemment déposés dans les tombes. Son association avec les déesses maternelle Nous et Hathor a poussé certains égyptiens a se faire sculpter des sarcophages dans ce bois. Les momies étaient parfois déposées sur des litières de sycomore.

    Le sycomore incarnait le végétal dans la langue égyptienne, puisque son hiéroglyphe servait de déterminatif à presque tous les arbustes et arbres à l’exception des palmiers. Il devait sa place spécial au fait qu’il était l’un des arbres fruitiers les plus communs de la Vallée du Nil, mais surtout parce qu’il produisait des fruits plusieurs fois dans l’année. Il était donc l’arbre nourricier par excellence. Et avait l’avantage d’offrir une ombre extrêmement rafraichissante.

  • Moringa : il est associé à Hathor, déesse de l’amour et déesse nourricière. Le moringa est très important dans la théologie memphite ou il était une des manifestations du dieu Ptah.  Par la suite également associé à Thot et Hathor.  Le moringa était un arbre dont la symbolique était très forte et dont on tirait de l’huile servant à la momification. Cet arbre était porteur d’une dimension solaire et assurait la protection du pharaon durant les cinq jours, avant le nouvel an, considérés comme dangereux. L’huile ben servait à momifier, fabriquée à partir de ses fruits.

  • Grenadier : le fruit du grenadier est associé à la fertilité c’est bien connu grâce à ses nombreux grains. Sous les Ramessides, des grenades sont offertes au fleuve, lors de la fête du Nil pour favoriser la crue. Elles possédaient une dimension érotique très forte dans la poésie amoureuse, dans laquelle elles sont comparées au sein des femmes. Comme les figues, les grenades étaient assimilées aux poitrines des déesses nourricières. De nombreuses grenades ont été retrouvées dans les tombes. Les représentations en chapelet.

  • Palmier Doum : il était cultivé pour ses noix. Quelques unes ont été retrouvées dans la tombe de Kha. Le palmier doum était associé à quelques divinités des contrées lointaines : Thot, Hathor et Min qu’il symbolisait en vertu de sa qualité d’arbre des oueds et des oasis.


D’autres arbres étaient plantés dans les jardins, comme le saule et l’acacia mais ce sont essentiellement des fruitiers. Aussi, au delà de l’iconographie, on connait d’autres arbres sacrés qui méritent qu’on s’y arrête :

  • Ished : lié au culte solaire et au culte royal, pour la spécialiste Nathalie Baum dans Arbres et arbustes de l’Égypte ancienne il s’agirait du dattier du désert. Dans le temple d’Héliopolis il est fort représenté et étroitement lié au lever du soleil.

    Sur ses fruits, le dieu Thot, son épouse la déesse Seshat ainsi que le dieu Atoum inscrivaient le nom de chaque roi. Séthi 1er  s’est fait représenté à Karnak à genoux en signe de dévotion sous l’arbre ished tandis que le dieu Thot inscrit son nom sur un fruit de l’arbre avec son calame.

  • Persea : lui aussi tenait une place de choix dans les jardins des temples. Ses fruits jaunes en faisait un arbre lié au soleil.

  • Saule d’Egypte : très important dans la théologie héliopolitaine, car lié au dieu Atoum et à l’oiseau benou ( le phoenix ) une forme du dieu solaire. Il symbolisait le renouveau. On peut le voir dans la tombe d’Ipouy.


Et les légumes alors ? Quelle était la relation des Egyptiens avec eux ? Apparaissent-ils quelque part ?


Ici, nous parlerons essentiellement de la laitue et de l’oignon, car ils entraient dans des rituels d’offrande. La laitue et l’oignon étaient cultivés dans les jardins des temples pour servir d’offrandes à des divinités.

  • OIGNON : il était dédié au dieu funéraire Sokar. Lors de la fête thébaine qui lui était consacré des colliers étaient confectionnés pour les défunts. L’offrande des colliers faisait partie d’un rituel permettant de redonner vie au mort en réanimant ses sens à un moment auquel l’équilibre cosmique paraissait menacé par la baisse de luminosité associée à l’arrivée de l’hiver. Des ruches d’oignons étaient également fabriquées : elles consistaient en des oignons verts liés en faisceaux au sommet desquels était fixée une anse servant à les transporter vers les lieux de culte. Ces anses étaient ingérées lors de la fête de Bastet qui célébrait le retour de la lumière estivale.

  • LAITUE : La laitue était associée au dieu ithyphallique Min. Elle était souvent représentée comme un arbuste érigé, tel un phallus, dont le latex  rappelait la semence. C’est alors devenu un symbole de fertilité et de procréation. Min est sans doute une des divinités les plus anciennes d’Egypte. Il est représenté dès la première dynastie sous forme humaine :

  1. Le bras droit tenant le flagellum levé dans le dos

  2. La peau couleur noire rappelant la couleur du limon

  3. Le pénis en érection

  4. Une laitue romaine au pouvoir aphrodisiaque apparaissant à ses côtés.

  5. La tête coiffée d’un ruban enserrant deux plumes.

  6. Le corps gainé dans un linceul.

C’est une divinité protectrice des routes caravanières mais aussi des mines. Min est une divinité qui est promenée sur un tapis de fleurs, toujours donc entourée de végétal.

ÉGYPTE OU PAS ÉGYPTE ?

Enfin, il me semblait important de parler de ces plante qui font partie du paysage égyptien même si elles ne sont pas endémiques. Car elles peuvent, elles aussi, même si elles sont arrivées plus tard, revêtir une certaine symbolique.

  • Lys : il a été question de savoir si une des représentations sur une tombe il s’agissait d’un lys ou d’un nénuphar. Toute une enquête a été menée pour déterminer s’il était possible qu’il s’agisse d’un lys. Il en a été conclu que le lys avait été importé, mais plus tard.

  • Olivier : ici aussi, il s’agit d’une importation tardive. Représenté sur une peinture murale du palais nord d’Amarna : représente la main du roi offrant un rameau d’olivier lourds de fruits au dieu Aton. Sinon pas vraiment de représentations sauf bien plus tard lorsque l’olivier entre dans la composition des colliers funéraires. Il faut attendre les Ramessides pour avoir une preuve de l’importation de cet arbre en Egypte, dont on utilise l’huile pour l’éclairage des temples. L’offrande de cette branche d’olivier montre que le roi faisait importer de l’olive et de l’huile des royaumes mycéniens.

    La culture de l’olivier était sans doute réservée à son propre temple, ou ç ceux consacrés au dieu Aton, incarnation physique du disque solaire. L’olivier a toujours été très investi par les Grecs. Il est l’arbre nourricier et civilisateur dont le bois et les feuilles semblent éternels et dont la capacité de régénération semble infinie. L’offrande d’olivier montre la capacité à importer des essences rares et importantes en Egypte et de les faire fructifier : il s’agit là d’une appropriation symbolique du monde.

  • L’encens et la myrrhe : l’encens et la myrrhe jouaient un rôle très important  dans le rituel religieux égyptien car leur odeur était réputée plaire aux dieux et permettait de les contenter. Ils servaient aussi à confectionner des onguents aux vertus prophylactiques et antiseptiques qui pouvaient être utilisés dans la momification. C’est sous les efforts du règne d’Hatchepsout que l’Égypte tente de devenir productrice de gomme-résine. Elle fait déterrer des arbres de leurs régions et les fait transporter en bateau.



Voilà, j’espère que dorénavant, vous en savez plus sur les secrets botaniques de l’Égypte. De mon côté j’ai adoré faire cette enquête !

A très vite,


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