Entre palmes et gui, quel arbre pour une symbolique des rameaux ?

Hier, nous étions dimanche, mais pas n’importe quel dimanche. Le dimanche des rameaux.

Dans le calendrier des fêtes chrétiennes le dimanche des rameaux est celui qui précède Pâques. 

Mais pourquoi des rameaux d’ailleurs ? De quel arbre parle t-on ? Peut-on utiliser une branche de n’importe lequel ? Que signifie cette partie de l’arbre ? Autant de questions qui ont attisé ma curiosité.

Des branches de gui, traditionnellement utilisées en France lors du dimanche des Rameaux.

Rameau vient du latin ramel qui signifie petite branche. Et c’est un détail important car déjà à cette étape vient se loger un sème, celui de la ramification qui viendra rejoindre la symbolique du gui que nous verrons plus tard.

En effet, dans le principe de ramification, c’est la vie même qui est évoquée. Et ce, avant de savoir si les feuilles qui poussent sont sempervirens c’est à dire toujours vertes. Un rameau porte donc en lui déjà ce sème. `Si l’on pense à l’arbre généalogique d’ailleurs c’est assez clair : tous les rameaux de l’arbre impliquent de la vie, l’essentialisent. C’est par la ramification que l’arbre s’adapte à son environnement et évolue vers toujours plus de “vivant”.

Le rameau représente la vie à son état le plus frais.

D’ailleurs, connaissez-vous le rameau d’or ?  

Le rameau d’or est une étude comparée des mythes et religions d’un anthropologue écossais : Sir James Georges Frazer. Voyez plutôt en cliquant ici juste en dessous.

Mais ce qui nous intéresse ici c’est que ce titre fait référence à un épisode mythologique, le rameau d’or était le rameau que portait un des arbres qui entourait l’entrée des enfers et qu’il faillait cueillir pour présenter aux divinités infernales afin de descendre dans leur royaume et aussitôt cueilli, il en poussait un autre.

De quoi corroborer notre idée selon laquelle le rameau symbolise la vie et la fertilité.

Mais pour mieux comprendre notre tradition des Rameaux il nous faut aller faire un tour en Orient.

D’abord, retenir qu’une tradition orientale millénaire veut que l’on acclame les héros et les grands en brandissant des rameaux verts qui symbolisent l’immortalité de leur gloire.

Un détail qui aura toute son importance pour la suite de cet article. Car si l’on doit faire un détour en Orient c’est bien parce que c’est une tradition chrétienne que celle des rameaux. Donc une tradition faisant référence à un épisode de la Bible, qui se déroule bien loin d’ici, à Jérusalem.


On fête quoi exactement pendant le dimanche des Rameaux ?

Alors on ne fête pas exactement, on rend hommage. Même si le folkloriste Arnold Van Gennep voit la trace d’une ancienne fête des moissons grecque, Thargelia, pendant laquelle on portait des rameaux d’olivier dans les temples.

Mais nous, ici, en France, en tout cas, ceux que vous croisez des rameaux à la main sortant de l’Eglise, eux rendent hommage au Christ, font revivre sa mémoire. Pourquoi ? C’est une bonne question ! Je vous emmène le découvrir.

D’abord plantons le décor et revenons quelques minutes aux origines. On honore la mémoire de Jésus. Le dimanche d’avant Pâques est le dernier qu’il a partagé avec ses disciples. Pourquoi avaient-ils tous ensemble partagé un repas, de façon formelle ?

Parce que Jésus était juif et qu’il fêtait Pessa’h, la Pâque juive. D’ailleurs petite anecdote linguistique, Pâque sans “s” signifie Pâque juive et Pâques avec un “s” signifie la Pâques chrétienne, on les distingue depuis le XVe siècle.

Lors de son entrée à Jérusalem, au moment des Rameaux, Jésus arrive sur un âne et il est accueilli par la foule de ses disciples qui lui lancent des branches de palmier. Un jour de gloire qui annonce sa mort.

Ça vous rappelle quelques chose les rameaux pour les héros ?

La victoire symbolisée ici est intérieure, celle sur le péché. Une victoire qui s’accomplit par l’amour et assure le salut éternel.

Ces rameaux sont ensuite conservés dans les maisons pour orner les croix jusqu’au mercredi des cendres du carême suivant pendant lequel ils seront brûlés afin d’en orner le front des fidèles.


Olivier ? Palmes ? Bui ?

Si la symbolique est comprise, l’arbre auquel elle se réfère, lui, n’est pas arrêté. Et pour cause, regardons plutôt cette citation :

« Plus efficace que le remplacement des fêtes païennes par les fêtes chrétiennes fut la christianisation des végétaux eux-mêmes. Prolongeant les rites païens liés au réveil de la nature ou le rameau vert symbolise la victoire de la vie et de l’amour. »
— Michel Pastoureau

Dans Vert, histoire d’une couleur, Michel Pastoureau démontre de quelle façon le végétal et sa symbolique intrinsèque permettent de véhiculer des messages. Mais surtout elle nous éclaire sur le fait que peu importe le végétal, ici la nature de l’arbre duquel est issu le rameau, le principal est qu’il s’adapte au pays dans lequel la religion veut s’établir.

Ainsi, en France c’est le buis que l’on repère à toutes les mains car il pousse bien ici et sa nature d’arbuste favorise son usage liturgique et possède un aspect pratique, mais en Italie et en Espagne on préfèrera les palmes du palmier qui s’adapte davantage au climat et en Scandinavie le bouleau.

En Israel, lors de l’arrivée de Jésus à Jérusalem, il était question de branches de palmier, au vu du climat.

Seulement, en fonction de la plante choisie, il faut garder en tête qu’elle possède en elle-même déjà des symboliques précédant le christianisme. Nous nous focaliserons ici pour finir sur celle du buis.

Avec son feuillage persistant donc, il n’est pas étonnant qu’il ait été élu pour cet usage des Rameaux. Et il possède un autre détail qui faisait de lui un candidat parfait : ses minuscules fleurs. En effet, un autre nom de la fête des Rameaux est “Pâques fleurie” cela implique donc ce critère qu’il remplit parfaitement.

Les Gaulois l’avaient divinisé, il symbolisait l’immortalité.

Le dieu Pluton en était le saint patron car ce dernier protégeait les arbres à la végétation perpétuelle.

On rapporte que les paysans n’oubliaient jamais de planter du buis dans leur champ pour éloigner les fléaux météorologiques. Tiens, ça me fait penser à un épisode de la Pâque juive qui commémore la sortie du peuple juif d’Egypte où les égyptiens subissent la dernière des dix plaies. D’autant plus que les paysans mettaient également un brin de buis sur la porte du bétail, comme le sang de l’agneau sur les portes juives en Egypte.. Intéressant !

D’autres croyances populaires rapportent que les chrétiens d’antan pensaient que les feuilles brillantes de buis avaient été arrosées par les larmes de Jésus, De quoi regarder le buis ( et le rameau !) différemment maintenant.

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