La primevère officinale : le Paradis, la folie et la tendresse pour le coucou

On se retrouve avec un article sur le coucou, de son nom plus sérieux : la primevère officinale. Pourquoi elle ?

Parce que, comme son nom l’indique : prima vera, elle est la première du printemps, elle fait partie de ces premières fleurs à recouvrir le sol en réveil. Elle fait suite à l’article sur la symbolique du pin qui nous annonçait le printemps. 

Elle nous rappelle des souvenirs la primevère, c’est celle dont on fait des bouquets pour nos parents quand nous sommes enfants. Les fameux coucous que l’on trouve dans les champs.

Pourquoi coucou d’ailleurs ? Car elle annonce, comme les oiseaux, coucous et hirondelles avec leur retour de migration, le printemps ! Elle signe la fin de l’hiver.

Mais on lui connait d’autres noms, notamment celui de Porte du Paradis. Un surnom bien élogieux, et pour cause ! Hildegarde Von Bingen, une nonne allemande spécialiste des simples ( comprendre ici remède avec une seule plante ) au Moyen Age, nous dit qu’elle peut soigner la mélancolie et la paralysie.

D’ailleurs, au 18eme siècle, c’est Carl Von Linné lui même, le suédois qui a donné leurs noms à quasiment toutes les plantes que nous connaissons, qui vante les propriétés de la primevère contre l’insomnie.

En somme, elle éloignerait les mauvaises pensées, fabuleux non?

Mais quels principes magiques contient alors la primevère pour avoir tant d’éloges ?

Aussi bien les racines, que les feuilles, les tiges et les fleurs de la primevère contiennent beaucoup de saponine, des glycosides comme  la primuline et de la primulavérine. De ceux-ci on peut retirer – mais en faible quantité – une huile essentielle dont les propriétés sont très proches de celle du camphre, tonique pour le coeur et les voies respiratoires. Ceci explique cela. Son surnom ne tient donc pas uniquement de la légende. Bien que…


La primevère ou les clés de saint Pierre

Selon une croyance populaire, les primevères auraient poussé pour la première fois à l’endroit où Saint Pierre aurait laissé tomber ses clés. En effet, ce dernier ferma les portes du paradis, mais des âmes essayèrent d’entrer par une petite porte dérobée. Le saint, alors très occupé, laissa tomber ses clés qui prirent racine et poussèrent en touffes de primevères. Une légende germanique dit qu’elle furent transformées pour que les âmes condamnées à l’errance ne puissent pas s’en servir.


La primevère pour de la divination ?

De la légende au folkore il n’y a qu’un pas. Oui, tous sont des récits du passé qui nous parviennent.

De nombreuses sources ayant trait au folklore relatent des pratiques utilisant la primevère avec de l’eau pour prédire des évémenents. Mais quelles en étaient les modalités ?

Il s’agit d’une pratique appelée faire danser les demoiselles. Cela consiste à faire tenir debout sur un verre d'eau, ou dans le creux de la main rempli de salive, la corolle de la primevère. Pour qu'elle se maintienne dans cette position et se mette à tourner, les enfants accompagnent l'opération d'une petite phrase.

Si après cette incantation la fleur se renverse, le résultat est manqué, si elle reste debout, on aura ce qu'on désire.

Dans l'Ardèche, du côté où la fleur tombe, on se mariera ; dans le Doubs si elle reste debout, c'est un présage de mariage ou de beau temps.

Aux environs de Valence si elle tombe au fond de l'eau, la fille qui consulte la destinée est enceinte.

En Lorraine, les petites, filles dépouillent une fleur de primevère de sa corolle et n'en gardent que le pistil et le style. Cela représente une toute petite poupée qu'elles appellent la marionnette. Elles la déposent délicatement sur l'eau tranquille d'une anse de ruisseau en chantant.

Les traces de ces pratiques nous sont transmises par Paul Sébillot dans ses ouvrages sur le folkore de la France.

Et pour finir, je vous laisse avec un proverbe dans lequel la primevère tient une place, mais sans doute pas pour le meilleur… il faut croire que la primevère nous laisse choisir, pour le meilleur ou pour le pire.

 « Des porions pour les garçons ; Des jonquilles pour les filles ; Des magriettes pour les fillettes ; Des Pommeroles pour les folles. »

La primevère a aussi été l’emblème de la folie pendant des siècles, ici, les pommeroles étaient déposées devant une statue de saint Germain, saint guérisseur des maladies mentales.

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