Pourquoi étudier la vie des saints en sémiologie (avec François Reynaert et Michel Pastoureau) ?

« Les saints sont partout : dans les noms de village, les stations de métro, les calendriers, les proverbes et même les noms de fromage. Était-il raisonnable d’en laisser l’étude à la seule austérité des théologiens ? Voici la première Vie des saints entièrement profane. » nous dit la quatrième de couverture de cet ouvrage publié en 2007 par François Reynaert.

Il nous emmène à la redécouverte du calendrier pour nous faire réaliser à quel point ils sont présents tout autour de nous jusque dans des recoins parfois inattendus…

 

En sémiologie il est important de saisir la symbolique des jours, des mois et des fêtes qui rythment l’année pour être à même de proposer des projets les plus cohérents possibles.

Ainsi, pour corroborer un projet et/ou proposer une date investie de sens pour la sortie, le teasing ou la communication de ce dernier, c’est un plus.

Aussi, cela peut servir à attirer l’attention sur le calendrier païen originel, qui, à notre époque de préoccupations environnementales remet la Nature au centre. Comprendre comment l’on est passé de l’un à au calendrier chrétien puis de nouveau au fêtes païennes est éclairant.


La puissance de l’attribut


Ce qui est particulièrement intéressant pour un sémiologue en hagiographie ( l’étude de la vie des saints ) c’est que souvent, un attribut vient synthétiser le message que fait passer la vie en question. De l’attribut on passe parfois au véritable symbole.

Dans mon activité de consulting, je peux alors être pertinente dans le choix d’un attribut qui, porte une charge symbolique précise et en faire l’icône du projet. ( voir mon article sur Hygie, son serpent et sa coupe ). Car on sait que le symbole possède une force supérieure au texte.

 

On pense par exemple :

  • Flèche de Sébastien

  • Manteau de Martin

  • Le lis de Gabriel

  • La crosse de Nicolas

  • Le trèfle de Patrick

  • La clef de Pierre

  • Et ainsi de suite…


Mes anecdotes favorites


Saint Tropez : fêté le 17 mai. On suppose que derrière ce nom se trouve un certain Torpès, romain décapité sous Néron. Son cadavre est déposé sur une barque et vient miraculeusement s’échouer sur la côte. Avec un coq portant une branche de lin dans son bec et qui aurait donné le nom de la ville de Cogolin.

Saint Arsène : fêté le 19 juillet. Anachorète, il se retire dans le désert dans une pratique hésychaste. Il invoque le nom de Jésus perpétuellement. On dit qu’il pleure tellement qu’il perd tous ses cils. Arsène possède le don des larmes.

« Près de Scété, montagne d’Égypte, au IVe ou Ve siècle, saint Arsène. Diacre, dit-on, de l’Église romaine, il se retira dans la solitude au temps de l’empereur Théodose, s’y montra parfait en toutes les vertus et, les yeux baignés de larmes, rendit son âme à Dieu« 


Du vocabulaire


Cénobite : religieux vivant en communauté

Peccamineux : relatif au péché.

Anachorète : religieux qui se retire dans la solitude

Athonite ( hagiorite) : les moines du célère Mont Athos. // Thebaides : de la même manière que ceux des régions isolées autour de Thèbes.

Anargyre : littéralement « sans argent » : il qualifie les saints thaumaturges orthodoxes qui, contrairement aux médecins, exerçaient leur talent de guérisseur sans être payés

Énergumène : être agité, parlant à tort et à travers car il est habité par le démon.

Philocalie : littéralement « amour de la beauté » désigne un ensemble d’oeuvres théologiques. Chacun accède à la beauté par les chemins qui sont les siens.

Hésychaste : méthode de prière ( essentiellement en Orient ) centrée sur l’évocation du nom de Dieu et plus spécialement de Jésus.

Céphalophore : littéralement celui qui porte sa tête : peindre le saint avec sa tête sous le bras est une façon de rendre sa dignité au martyr décapité.


Alors, à vos lectures hagiographiques pour décrypter votre quotidien!

Sémiologiquement vôtre,

Léah


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