Victoria regia : un nénuphar à l’histoire singulière
Selon l’autrice de l’ouvrage Le latin du jardin, il existe une règle tacite en botanique : on nomme les plantes selon ceux qui les ont découvert ( L. pour Linné par exemple ) ou en tout cas selon une référence au monde des sciences naturelles.
Victoria Regia ( le nom d’un nénuphar géant d’Amazonie ) ne fait référence ni à l’un ni à l’autre. Il faut dire que les caractéristiques de la plante sont elles aussi originales : ses feuilles peuvent atteindre deux mètres de diamètre et supporter le poids d’un enfant. Elle pousse dans les rivières d’Amazonie et s’adapte à son environnement avec ses bords et ses boutons floraux piquants qui lui permettent d’échapper aux poissons herbivores.
On a d’abord cru que la plante appartenait à une famille de nénuphars aquatiques, alors elle fut décrite sous le nom euryale amazonica en 1832. Mais il s’est avéré qu’elle n’appartenait pas à ce genre. Ainsi, elle fut donc reconnue et renommée par l’anglais John Lindley en 1937 « victoria regia ». Fervent admirateur de la reine, il a dérogé à la règle.
Le débat a longtemps occupé les esprits botanistes, puis d’un commun accord il a été décidé de trancher pour la dénomination amazonica.
Fait curieux, des graines de cette plante ont étés transférées dans leur eau d’origine jusqu’à Londres. Jospeh Paxton construisit alors une serre adaptée pour permettre un épanouissement optimal de la plante. Il réussit son pari puisque le nénuphar donna des boutons floraux. Le premier ayant éclot fut aussitôt apportée à la reine.
Paxton fut fasciné par cette plante, à tel point qu’il décida de s’inspirer des nervures de cette dernière pour une construction. Il les reproduisit en acier, de façon à soutenir un dôme de verre. Puis, à l’occasion de l’Exposition universelle de 1851 il proposa cette idée qui fut approuvée : la construction s’appelle le Crystal Palace.